UNE FARCE AU VITRIOL
L’argent rend fou, c’est bien connu.
Tout commence avec la découverte d’un billet de 100 euros, que personne n’a posé sur la table du salon. Pourquoi nous, se demande notre couple ? D’autant que de jour en jour, le flot ininterrompu d’argent tombé du ciel va envahir l’appartement de Bruno et Laurence. C’est embêtant, surtout quand est de gauche…
Sébastien Thiéry flirte avec la farce féroce, jusqu’au malaise. C’est là sa force, et l’esprit jubilatoire de son écriture. On est fasciné par la spirale comique qui dévore ce couple de quinqua. Le postulat est simple : peut-on devenir riche sans le mériter ? Laurence se réfugie dans la morale et les valeurs, Bruno, lui, se grise de cette fortune inattendue, avant de sombrer en apothéose dans la folie. Une peinture de notre société corrompue, pas forcément flatteuse mais tellement jubilatoire !
Les personnages, de notre couple à la femme de ménage espagnole, jusqu’à l’inquiétant voisin du dessus, sont hauts en couleurs et fort en gueule. Tous sont pris dans le piège infernal que leur a concocté Sébastien Thiéry. L’appât de l’argent va leur faire vivre des situations extrêmes, vives et endiablées, à la limite de l’absurde, pour notre plus grand plaisir. Nous sommes fascinés par leurs mensonges, leur mauvaise foi et leur cynisme face à cette situation kafkaïenne. Nous ne pouvons qu’en rire, mais d’un rire salvateur et libérateur !
J.L.REVOL