ARTEMIS DIFFUSION est une société de production et de diffusion théâtrale fondée par son actuel dirigeant Pascal HERITIER en 1990. Depuis sa création, elle a produit et diffusé plus de 220 spectacles dont un nombre important de créations.
Sa vocation, entre autre, est de faire découvrir de nouveaux auteurs comme Sébastien THIERY (« Cochon d’Inde » – Molière de la meilleure pièce comique en 2009) ; David DECCA (« Le roman de Lulu ») ; Jean FRANCO (« Elle nous enterra tous… ») …. pour ne citer que cela.
Toujours en recherche de nouveaux talents, on lui doit d’avoir fait découvrir au théâtre notamment : Sandrine KIBERLAIN ; Marina HANDS ; Laurent LAFFITE ; Eva GREEN ; Loïc CORBERY ; … et beaucoup d’autres.
Mais aussi d’avoir donné leur première chance à plusieurs metteurs en scène dont Didier LONG.
Soucieux de toujours présenter des spectacles de grande qualité, cette société de production est devenue l’une des plus renommées dans le secteur du Théâtre privé.
Pour découvrir l’étendue de nos précédentes productions, vous pouvez visitez notre rubrique « Saisons Passées ».

Les liaisons dangereuses

EN TOURNE DE SEPTEMBRE 2025 A JANVIER 2026

D'aprés Pierre CHODERLOS DE LACLOS

Adaptation et Mise en scène d’Arnaud DENIS 

Avec : Delphine DEPARDIEU, Salomé VILLIERS, Oscar VOISIN, Michèle ANDRE, Pierre DEVAUX, Marjorie DUBUS, Guillaume DE SAINT SERNIN

Collaboration artistique Georges VAURAZ

Décors Jean-Michel ADAM ; Costumes David BELUGOU ; Lumières Denis KORANSKY ; Musique Bernard VALLERY

 

La marquise de Merteuil sollicite son ancien amant, le vicomte de Valmont, pour lui proposer un défi immoral. Elle souhaite se venger d’une ancienne infidélité en corrompant la jeune Cécile de Volanges, tout juste sortie du couvent, en lui ôtant sa virginité avant le mariage. Valmont, quand à lui, s’est mis en tête de séduire Madame de Tourvel, une jeune femme mariée et pieuse. Les projets des deux monstres se révéleront bien plus néfastes qu’ils ne l’imaginaient. One ne badine pas avec l’amour, et certaines liaisons, dangereuses, peuvent s’avérer fatales.

NOTE DU METTEUR EN SCENE

NOTE D’INTENTION – ARNAUD DENIS

 

Quoi de plus stimulant pour un metteur en scène, pour des interprètes, que d’aborder ce chef d’oeuvre absolu de la littérature Française? Ce roman de Choderlos de Laclos est publié en 1782. De tout temps, et malgré un long oubli au XIX ème siècle, Les liaisons dangereuses demeure aujourd’hui un objet littéraire qui fascine, qui traverse les époques par la perfection de son style, et l’insolence de son propos. Jamais le genre épistolaire n’aura été porté à un tel degré de perfection. Alors qu’en France on s’abreuvait des intrigues amoureuses de Marivaux, au théâtre, sous le manteau, on faisait secrètement circuler les lettres de Laclos. Et c’était déjà du théâtre. Car les personnages s’expriment à la première personne, sans narration, sans intervention de la part de l’auteur.

 

                Je souhaitais, depuis de nombreuses années, monter une version théâtrale des Liaisons. Comme pour me remettre de ce que j’avais, il y a dix ans, vécu comme un échec douloureux: J’étais en effet passé à deux doigts de jouer le rôle de Valmont sous la direction de John Malkovich lorsqu’il a monté sa version au Théâtre de lAtelier. Après de longues auditions, nous n’étions plus que deux prétendants. Le sort en a décidé autrement. Mais je m’étais promis, comme un défi, de jouer le rôle de Valmont un jour, à ma manière. Cette occasion s’est présentée dix ans plus tard, à l’instigation de Pascal Héritier, le producteur de ce spectacle. Il m’a encouragé a écrire une nouvelle adaptation, inédite, en partant du roman lui même. Ce n’est pas chose aisée, surtout après Christopher Hampton. Après un an de travail, la voici.

 

                J’ai souhaité préserver le plus possible la finesse, la préciosité de la langue. Sa force brute et ciselée. Et surtout la noirceur des personnages et du propos. Ce sont des monstres qui parlent, qui agissent (Je parle de Merteuil et Valmont bien sûr). C’est une histoire de panthères qui courent après des biches. Il est question de prédateurs et de proies, qui tourbillonnent dans une savane luxuriante. C’est du sang qui coule sur un tableau de Fragonard. J’ai voulu, tant que possible, extraire toute la perversité des situations, et laisser la place à des affrontements larvés de rancoeur. Car le vrai thème, bien sur, c’est l’amour, et comment l’amour propre empêche l’amour. Car Merteuil et Valmont s’aiment profondément. Ils sont juste incapables de se l’avouer. Alors ils sèment le mal. Leur oisiveté d’aristocrate est comme un terreau pourri, qu’il faut sans cesse remuer pour en dissiper l’ennui. Nous n’oublierons pas que la Révolution Française n’est pas loin, et que, si la tête leur tourne par intrigues amoureuses, nos protagonistes pourront bientôt la perdre pour des raisons politiques.

 

                Ceux qui connaissent un peu mon travail savent peut être que les « transpositions » m’épouvantent en général. D’ailleurs elles sont déjà démodées, puisque quasi systématiques. On finit par être original en restant dans le style de l’époque. Et pourquoi se priver, esthétiquement, de la beauté imparable du XVIIe siècle Français? Quitte à se faire traiter de « classique », cet adjectif que certains prennent pour une brimade, et que je continue, inlassablement, de recevoir comme un compliment. Nous allons donc, si l’inspiration nous le permet, aborder ce roman comme un opéra verbal, ou la langue retrouve sa vraie place. La langue est ici indissociable de l’écrin esthétique du siècle dans laquelle elle a été écrite. Nous serons donc en costumes d’époque chatoyants, perruqués et poudrés, fardés derrière un masque de cire, pour mieux dissimuler les sourires de cruauté. Le marquis de Sade n’est pas loin non plus. Nous avons souhaité, avec le décorateur, Jean-Michel Adam, restituer tout le faste de la noblesse du XVIIe siècle, comme pour mettre en exergue sa monstruosité. Car il faut que les monstres soient beaux, pour qu’on les écoute. Il faut aussi que les victimes, les proies de cette danse macabre, soient charmantes. Pour mieux servir le propos de l’auteur. Et aussi pour monter un spectacle qui se veut populaire, et non pas élitiste dans le mauvais sens du terme. La beauté qui sert d’écrin parfait au récit de la cruauté absolue. C’est ainsi que nous souhaitons ces Laisons, pour qu’elles ne soient pas qu’a demi dangereuses. Nous n’oublierons pas, non, plus, que si l’oeuvre est bouleversante, elle n’en est pas moins porteuse d’un humour féroce et grinçant. Il faudra que le rire vienne nous soulager, par moments, des états extrêmes dans lesquels se retrouvent les personnages.

 

                Nous avons souhaité, toujours en accord avec Pascal Héritier, façonner une distribution de grands comédiens de Théâtre, et non pas forcément de grandes vedettes. Car la star ici, c’est l’oeuvre, c’est le titre, qui fascine encore des générations entières. A ce titre, Anne Bouvier m’est apparu comme un choix évident pour le rôle de Merteuil. Sa puissance aigüe et maitrisée, sa sensibilité et son charisme collent parfaitement à la tenue du rôle. Nous avions déjà travaillé ensemble pour « Mademoiselle Molière », ou elle jouait Madeleine Béjart (ce rôle lui a permis d’obtenir de Molière de la meilleur comédienne dans un spectacle de théâtre privé en 2019). Pour le rôle de la présidente de Tourvel, sorte de victime expiatoire, figure quasi Biblique, proche d’un personnage de Claudel, le choix de Salomé Villiers s’est imposé immédiatement aussi. Nous avions aussi travaillé ensemble précédemment sur Shakespeare. Après son triomphe récent dans la Montespan (pour lequel elle a obtenu aussi le Molière de la révélation féminine), Salomé Villiers est en pleine possession de sa maturité de comédienne. Elle saura, par sa grâce naturelle, éviter tout les écueils du rôle. Une sensualité à fleur de peau, mais sans mièvrerie. Enfin, les personnages essentiels de Cécile de Volanges et Danceny seront confiés à des comédiens jeunes et innocents, mais sur de leur métier. Des révélations en somme. Tels Azor et Eglé dans La dispute de Marivaux, ils doivent être de parfaites petites poupées de porcelaine, prêtes à se briser sous les griffes des léopards, mais aussi avec un vrai caractère, et une révolte propre à l’innocence.

 

                Nous mettrons aussi en exergue, bien sûr, sans que ce soit trop ostentatoire, les thèmes qui rejoignent l’actualité de manière prégnante. C’est le propre des grands chefs d’oeuvre éternels. Ils racontent une époque aux moeurs révolues, mais avec un écho cinglant qui traverse le temps, et qui vient remuer fortement nos préoccupations actuelles. Le thème du féminisme, bien sur, si cher à l’auteur. Car si Valmont peut sans encombre s’adonner à son libertinage, Merteuil, elle, de par sa condition de femme, doit tout faire pour conserver les apparences. Cette injustice, ce sexisme qui perdure sans cesse, est ici dénoncé par Laclos tout au long de l’oeuvre. Nous mettrons l’accent sur le combat des femmes, qui se battent ici sans cesse pour survire à la tyrannie masculine. Elles se doivent, comme Merteuil, de devenir redoutables pour ne pas être victimes, et ainsi « venger notre sexe, et dominer le vôtre », ainsi qu’elle le dit dans le roman. Nous mettrons l’accent aussi sur ce que Laclos explore, avec une force et une impudeur rares pour son temps, c’est à dire le viol. Dans une scène quasi insoutenable ou Valmont prend de force la petite Cécile de Volanges, qui n’a que quinze ans, l’auteur raconte en détails l’ignominie absolue, sans détour, sans fard. Nous ne chercherons pas a édulcorer la puissance du récit, mais au contraire à la rendre palpable, pour mettre en exergue à quel point il est nécessaire et salutaire de tendre un miroir à l’homme, que le reflet en soit désagréable ou pas. C’est le propre des grands auteurs, et c’est le propre du théâtre. Choderlos de Laclos explore, avec toute sa puissance d’auteur, la nature même du consentement sexuel, la complexité des ardeurs et des attirances, et restitue enfin une morale qui semble nous dire: il est temps de changer quelque chose, pour de bon. Ce portait au vitriol de nos instincts d’animaux, véhiculés ici par une langue admirable, doit être restitué dans toute sa splendeur, sa noirceur, sa fantaisie, tel un objet brut et raffiné, et dont les aspérités ne cessent de nous questionner au plus profond de nos âmes égarées.  

 

 

Arnaud DENIS

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